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Dans la perspective où il y a plus de 50% des couples au Québec qui se séparent, habituellement des suites d’une ou plusieurs disputes non réconciliées, il y a lieu de de se demander:


Pourquoi être en couple? Pourquoi vivre en couple?


Il y a tellement de raisons, mais celle-ci en particulier: s’entendre avec quelqu’un, à tous les jours, dans toutes les épreuves qu’un couple doit traverser est une occasion d’évolution formidable! Toutefois les interactions, les différences et surtout le passé non résolu font en sorte que vivre en couple, pour beaucoup, relève du défi permanent.


Encore une fois, la culture populaire nous renvoie une fausse image des couples « parfaits ». Un couple parfait ne se chicane pas, ou presque pas, et s’il y a chicane, c’est avec des mots mesurés, plein d’amour et de compassion. Bullshit!


Une étude menée dans les années 90 à l’université McGill sur les sortes de couples démontre que les gens sont soit des faucons, soit des colombes. On peut facilement imaginer les combinaisons:

  • un faucon et une colombe: la colombe a intérêt à céder pour survivre. Dans ce type de couple, il y a un dominant et un dominé. On voit souvent démarrer ce type de couple avec deux personnes autonomes, débrouillardes, vives d’esprit. Avec le temps, une des deux personnes devient dépendante, effacée, très prudente. L’autre membre du couple se demande où est passée la personne vive et affirmée qu’il a connu au début et vit dans la frustration et la nostalgie.
  • deux faucons: Elizabeth Taylor et Richard Burton. La vaisselle se promène comme des soucoupes volantes et doit être renouvelée fréquemment. Les ruptures nombreuses sont fracassantes et les reprises tout aussi fréquentes; les relations sont une alternance d’amour spectaculaire et de haine profonde.
  • deux colombes: ils font l’envie des autres types de couple. Ces personnes n’élèvent jamais la voix, leur relation est un lac tranquille à l’heure où les lions vont boire. Ce type de couple balaie ses différents sous le tapis et les conjoints s’éloignent graduellement l’un de l’autre jusqu’à ce qu’il ne reste plus aucun intérêt à vivre ensemble et se séparent habituellement en se justifiant qu’il n’y a plus d’amour dans le couple. Ou à la première dispute sérieuse.

Vous vous demandez à la suite de cette lecture s’il existe une combinaison qui assure un minimum de chances de succès? Non, il n’y en a pas. Vivre en couple de façon épanouie demande qu’on soit d’abord conscient de son type: colombe ou faucon, ensuite du type de l’autre. À partir de ça, se le partager et mettre en place des attitudes, des résolutions et des comportements qui déjouent et dénoncent ces stéréotypes qu’on porte en soi:


« Chérie, j’ai l’impression de t’étouffer et de t’enlever les quelques chances où tu as tenté de t’exprimer dernièrement. Qu’en penses-tu? Je ne suis vraiment pas engagé à ça dans notre couple. »


« Chéri, j’aimerais que tu m’écoutes quand je parle sans m’interrompre et sans essayer de régler mes problèmes. J’ai juste besoin de m’exprimer et j’ai besoin que tu m’encourages à le faire. Avec ton caractère fort, j’ai de la difficulté à prendre ma place et j’ai besoin que tu m’aides. Parfois j’ai peur quand tu élèves la voix. »


Les chicanes de couple sont normales et ne sont absolument pas un critère pour déterminer si deux personnes sont dans la bonne relation, à moins qu’elles soient destructrices sur le plan de l’intégrité psychologique ou physique: ces relations ne sont pas saines et doivent être remises en question.


Je parle ici des relations où, 99% du temps, deux personnes vivent en relative harmonie. Passer à-travers une chicane où les deux personnes en ressortent grandies, en puissance, plus en amour qu’avant, voici de dont je parle et c’est tout à fait possible avec l’entraînement adéquat. C’est le genre d’entraînement qu’on développe dans nos ateliers.


Un peu comme les municipalités font des plans d’urgence en cas de tempête ou d’inondation, les couples devraient faire de tels plans pour adopter une ligne de conduite claire quand rien ne va plus car, quand les émotions sont en mode destruction, il est difficile d’avoir la tête froide et de prendre de bonnes décisions. Par exemple, Christine et moi avons convenu de ne jamais prendre de décisions quand nous sommes dans nos états 1%, seulement quand la tempête est passée.


Les chicanes de couple peuvent aussi être un bon moyen pour dénoncer ce qui n’est pas authentique et en ce sens elles doivent être accueillies à bras ouverts. Il est tellement facile d’acheter la paix en disant le contraire de ce que nous pensons. “Chéri, que penses-tu de ma nouvelle coiffure?” Quel conjoint n’est pas tombé dans le piège de la flatterie au lieu de dire ce qu’il en pense vraiment? Il faut réaliser que dire ce que l’on pense (tout en étant conscient que ce n’est pas nécessairement la vérité) demande parfois du courage, mais ce courage est payant à la longue, car il est la base de la confiance de l’un envers l’autre. Si j’ai confiance que Christine va toujours me dire le fond de sa pensée, même si ça m’irrite, je sais que je peux compter sur elle pour me dire ce qu’il en est et au besoin dénoncer ma bullshit quand elle se manifeste.


En conclusion, il vaut mieux être un volcan en activité contrôlée qu’un volcan éteint, car quand ce dernier se réveille, il peut causer énormément de dommages. Contrairement à un volcan dont les comportement sont imprévisibles, on peut s’entraîner à gérer nos chicanes pour qu’elles deviennent des opportunités de dépassement et d’évolution. Tout est là: si vous ne réussissez pas à sortir puissamment de vos chicanes où vous aurez été entendus, compris et aimés, tôt ou tard vous allez faire partie des statistiques.

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