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L’autre soir, Christine et moi passons une heure avec Lionel au téléphone. Lionel est un type bien: sensible, évolué, conscient. Sa relation avec Manon vient de se terminer. Fin déchirante.
Manon a un garçon, aux environs de 4 ans. Le père est sorti du décor pendant que Manon était enceinte. Cet enfant est né sans père. Il est, d’après Lionel, possessif, jaloux, contrôlant. Lionel est arrivé dans cette relation plein d’énergie, amoureux mais cet enfant lui a rapidement fait comprendre qu’il était de trop. Lionel est devenu en compétition avec l’enfant. Manon a été très claire, malgré son amour profond pour Lionel: son fils passe avant tout.
Le fiston avait déjà l’habitude de coucher avec sa mère, il a bien sûr continué et en a même rajouté. Exit l’intimité quand fiston est à la maison. De plus, il est carrément hostile à Lionel et se permet des abus de langage que sa mère, laxiste, laisse passer.
Premier constat, si vous savez lire entre les lignes: je suis sympathique à Lionel. Je ne devrais pas, parce que “sympathique” ici veut dire “parti pris”. Je ne dis pas que Manon n’a pas quelques petites choses à “ajuster”, mais vous devinez bien que son inaction est coupable à mes yeux.
C’est la lecture que je me fais de leur relation. Christine en fait une toute autre: au lieu d’accabler Manon, elle demande simplement si Lionel a confronté Manon au sujet des comportements abusifs de son fils, du genre: “Manon, ton fils est grossier et abusif dans ses comportements envers moi. Qu’est-ce que tu as l’intention de faire à cet effet?”. Lionel s’en est bien gardé, pour ne pas ajouter une couche de tension de plus dans le couple. Il a donc systématiquement évité la confrontation avec Manon sur les mauvaises habitudes de son fils. Ce qui n’a fait que prolonger l’agonie de leur relation.
Pour faire suite au propos, j’en suis tombé à terre de cette lecture de Christine complètement différente de la mienne. Ce qui m’a jeté, c’est de constater à quel point j’étais tombé dans la sympathie et aveugle à la responsabilité que Lionel a escamotée de prendre sa place et de confronter la mère.
Et là, je me suis senti bien petit. Ti-gars, qui ne sera jamais à la hauteur de sa coach d’épouse. Pourquoi m’aime-t-elle, si… imparfait? Elle comprend tellement facilement, elle est tellement lucide! Et moi, ça vaut même pas la peine d’en parler.
Hier, dans un exercice d’examen de nos comportements inauthentiques dans notre groupe Innove ta vie, je me suis dénoncé, pour m’apercevoir que mes propos ont fortement déclenché deux femmes du groupe qui en ont ras-le-bol d’avoir des ti-gars dans leur vie. Elles n’en peuvent plus de composer avec nos manifestations de ti-gars, nous les hommes. Elles n’en peuvent plus de nous materner. Elles veulent des hommes, des vrais. Pas, surtout pas des ti-gars.
Mauvaise nouvelle les filles: tous les hommes sont des ti-gars. On ne parle pas de ça entre nous. Et on manifeste notre ti-gars seulement avec notre conjointe, quand on est seul avec elle.
Il y a des femmes que ça arrange de materner; ça leur donne un certain pouvoir, un certain ascendant. Ça réveille leur fibre de mère. Je remarque toutefois que chez les femmes-leaders, rares sont celles qui aiment jouer ce rôle.
Je ne jouerai pas au psychologue pour tenter de décortiquer le pourquoi et le comment elles en sont venues à détester ce rôle. J’aimerais toutefois rappeler qu’il est important de réaliser que si vous avez choisi à priori d’être avec cette personne, vous avez aussi choisi d’être avec son passé et ses comportements. Il est possible de composer avec ça.
Ça ne signifie pas que nous les hommes devrions subir les assauts de nos ti-gars en acceptant avec résignation leurs manifestations et en baissant les bras. Les envies de ces comportements seront toujours là à cause de l’empreinte indélébile de la relation mère-fils. À nous de les identifier, de les attraper avant qu’ils nous contrôlent. Nous devons aussi être ouverts à se faire dire par nos amoureuses que nous sommes présentement dans nos états “ti-gars” et que ce n’est pas un comportement agréable pour aucun des partenaires.
Il faut comprendre que, quand nous sommes dans cet état, nous sommes situés dans une échelle de comparaison. Il n’y a pas de marge de manœuvre dans une échelle. Nous pouvons grimper, descendre ou sauter en bas de l’échelle. Grimper ne sert à rien: il y aura toujours des aspects de notre vie où nous ne serons pas à la hauteur. Descendre, c’est descendre encore plus dans l’enfer de la comparaison, à un point où la marche devient tellement haute qu’il n’y a plus d’espoir. Débarquer de l’échelle est reconnaître que nous avons nos zones d’ombre, que ces zones sont une présentation de notre égo et que, comme toute autre pensée négative, ce n’est pas parce que nous avons ces pensées qu’elles sont l’expression de la vérité. Ce n’est qu’une autre façon de voir les choses qui nous enlève notre puissance. Dans ce contexte, ce sont des pensées-poubelles qui méritent de se retrouver justement là, à la poubelle.