La connexion, partie 2

Discussion ce midi avec un couple d’amis dont la relation fonctionne. Je suis toujours curieux d’apprendre pourquoi. Je pense que c’est dû au fait que, pour bien des gens, se trouver en face d’un couple heureux est quelque chose qui va un peu de soi: il y a des couples qui fonctionnent, d’autres moins bien et c’est comme ça, tant mieux si ça va, sinon on “fait avec” du mieux qu’on peut. Après tout, personne n’est parfait n’est-ce pas?


C’est le genre de raisonnement, d’attitude que je vois autour de moi. Pour la plupart des gens, ça dépend du hasard. Comme à la loterie, il y a beaucoup de petits prix à gagner, mais peu de gens décrochent le gros lot. T’es chanceux si tu gagnes, même un petit prix.


Par contre, chez les couples heureux, je remarque que le mot connexion (ou équivalents comme complicité, partenariat, etc.) revient constamment. Être connecté dans un couple crée un état dont il est difficile, même pénible, de s’en priver. Et le plaisir et la recherche de ce plaisir grandit avec le temps.


Voici un exemple de déconnexion. Ça fait longtemps que je suis adepte de motocyclette. Je suis donc compétent et très efficace. Par exemple, quand vient le temps de faire le plein, je ne descends même pas de ma moto. Je m’approche suffisamment de la pompe pour insérer ma carte de crédit, choisir mon type d’essence et décrocher le boyau juste en étendant le bras. Je suis reparti en un temps deux mouvements.


Il n’en va pas du tout de même avec Christine, qui a aussi sa moto mais pas mon expérience. Elle descend de sa moto, fait le plein et va payer dans le magasin. Bref, mon efficacité ne sert à rien du tout, ni mon exemple, et je ronge mon frein. Je ne vous parlerai pas du trop grand nombre de fois où elle m’a perdu de vue parce que j’allais plus vite qu’elle et des frustrations mutuelles que ça engendre, spécialement quand je tourne à une intersection, que je pense qu’elle n’est pas trop loin derrière moi et qu’elle ne sait pas si j’ai tourné à gauche ou à droite quand elle arrive finalement à ladite intersection. Je passe sous silence les discussions où elle m’accuse d’être égocentrique. Avec raison d’ailleurs.


Tout ça pour dire qu’il existe un domaine dans notre vie de couple où je devenais égoïste, absolument pas connecté à ses besoins à cause de la frustration que je ressens de ne pas avoir une partenaire à la hauteur de mes compétences.


Quels sont les impacts? J’en prends plein la gueule, elle est en maudit, je deviens frustré. Répétez. Pensez-vous qu’on a le goût de faire l’amour dans une telle ambiance? Pensez-vous qu’on se fait des câlins et des sourires pendant les repas?


Qu’en est-il de vos vies? J’ai pris un exemple extrême, mais l’état de déconnexion entre vous deux peut être beaucoup plus subtil et furtif, ce qui est le cas la plupart du temps. On appelle ça mettre la poussière sous le tapis: ce sont juste de petites choses, de petites frustrations.


Entraînez-vous à vous poser la question: est-ce que je me sens déconnecté, maintenant? Pourquoi est-ce que je ressens ce malaise, cette déconnexion, comme si l’air était chargé d’orage?


Est-ce que ça aiderait si vous disiez à voix haute à votre partenaire, dans ces moments-là: “je me sens déconnecté-e”?


Oui, ça aiderait énormément. Observez à quel point cette phrase ouvre le cœur de l’autre et le vôtre. Personne à qui la relation tient à cœur ne demeure insensible à ce cri du cœur.

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