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Quand Christine et moi nous prenons aux cheveux, il y a à l’intérieur de moi un brassage d’émotions très fort — et pas du tout agréable. Ce brassage m’entraîne la plupart du temps dans une confusion: je n’arrive plus à penser clairement. J’oublie de grands bouts de ce qui s’est passé; j’en garde la saveur amère plutôt que l’exactitude des mots prononcés. Ce qui fait que je me retrouve toujours en position de faiblesse quand vient le temps de faire le bilan de ce qui s’est passé.
Je remarque que Christine a un souvenir exact de ce qui s’est dit et de ce qui est arrivé. Mark Gungor a très bien décrit ce mécanisme dans le sketch « le cerveau de l’homme vs le cerveau de la femme ». Je me sens toujours humilié de voir à quel point je ne peux discuter clairement de ce qui est arrivé. Je dois donc me fier aux souvenirs de Christine pour me relater les faits.
Accepter cet état de faiblesse n’est pas quelque chose de facile pour moi, même si je peux me fier que Christine n’utilisera pas sa connaissance des faits pour leur donner une orientation qui la « favorise » indirectement. Oui, j’ai une femme qui ne cherche pas à me dominer. Il y a comme ça des gars chanceux.
Donc nos bilans m’obligent à me replonger dans l’incertitude de mes souvenirs. Potentiellement de me faire reprocher d’avoir pris des résolutions dans le passé que je n’ai pas tenues, peut-être parce que je les ai oubliées dans le feu de l’action.
Il y a aussi la crainte, en filigrane, de me faire reprocher encore et toujours les mêmes choses; c’est un réflexe bien présent chez les hommes. En d’autres mots, que ma conjointe utilise sa mémoire supérieure pour ramener amèrement sur le tapis les vieilles promesses rompues. Je déteste ça. S’il y a un domaine dans ma vie où je ne suis pas congruent, c’est dans tout ce qui touche le domaine des émotions. J’ai beau avoir suivi cours sur cours, quand les émotions négatives occupent le plancher, mon cerveau devient un gros légume trop cuit.
Mon premier réflexe est de ne pas aller là — éviter la discussion à tout prix. Faire comme si de rien n’était. S’il y a insistance de la partie adverse, c’est de dire quelque chose comme « Est-ce bien nécessaire de ramener le passé? Ça va bien maintenant non? Alors, pourquoi insister? »
Deux choses peuvent alors se passer: Christine baisse les bras et je gagne, ou bien elle insiste pour compléter le passé. J’ai compris depuis longtemps que lorsque j’ai l’impression d’avoir gagné, je perds toujours, parce que tout ce que j’ai réussi à faire est de mettre un éléphant sous le tapis. Ça m’a pris du temps à comprendre ça. Les rancœurs qui s’accumulent, eh bien elles s’accumulent justement. Et quand l’abcès crève, ça fait un méchant dégât. C’est pourquoi maintenant je ne me dérobe plus quand vient le temps de compléter ce qui s’est passé. Car même inconfortable, le processus a le mérite de ne rien laisser à la dérive et crée, lorsque bien fait, un incroyable rapprochement amoureux.
En résumé, si vous voulez que votre conjoint devienne vulnérable au lieu de s’enfermer dans sa caverne, il faut éviter de reprocher sinon son réflexe sera de se fermer comme une huître. Créez ensemble un espace de discussion sécuritaire où vous vous parlerez au « je », sans reproche, où vous parlerez de ce qui n’a pas fonctionné, sans donner tort.